Friday, June 6, 2008

LE RELAIS DE LA TORCHE

Je me suis levé à 5 heures du matin l’autre jour pour aller voir le relais de la torche olympique qui se tenait sur le campus de mon université. Mon université à deux campus, un au centre-ville près de chez moi, l’autre est dans les banlieues, entouré d’usines. Le relais se tenait au campus loin de chez-moi ce qui explique mon réveil matinal.

Le relais olympique est très populaire en Chine et il aurait normalement fallut que je me colle comme de la mélasse sur du pain a près de 100 000 autres personnes pour réussir à apercevoir la flamme. Heureusement pour moi, l’entrée au campus était limitée aux étudiants et travailleurs de l’université dans le cadre du relais.

Je suis arrivé au campus à 7h15 et j’ai vite rencontré des amis allemands avec qui je me suis promené sur le campus. Lenovo, le fabricant d’ordinateur qui a acheté IBM et qui est aussi l’un des commanditaires officiel des Jeux Olympiques avait distribué des casquettes bleues pas trop belles et gratuites aux milliers d’étudiants présents. Samsung, un autre commanditaire officiel des jeux olympiques avait distribué des ballons qui viennent en paire et qui quand frappés ensembles font un petit bruit assez plaisant.

Après quelques minutes à marcher un peu perdu avec les Allemands, nous nous sommes fait approcher par un des nombreux organisateurs étudiant. Ce dernier facilement reconnaissable de par sa chemise d’organisateur Coca-Cola (commanditaire officiel des Jeux Olympiques) nous donna gratuitement et avec enthousiasme des petits drapeaux chinois et olympique imprimé de l’emblème de la Banque de Chine (commanditaire officiel des Jeux Olympiques). Il nous amena aussi plus près du chemin désigné du relais où quelques jeunes étudiants se mirent vite à pratiquer leur anglais.

C’est à ce moment que l’une de mes amies choisie de m’appeler et je fis mes adieux aux Allemands et au gentil organisateur pour aller la rejoindre avec ses amis. Mon amie, qui est chinoise et étudiante à l’université, devait rejoindre sa classe dans endroit spécifique pour célébrer la venue de la flamme. Ses amis s’étaient eux aussi fait distribuer des petites casquettes laides et des ballons bleus. Il y avait aussi des éventails en forme d’ordinateur portable Lenovo (commanditaire officiel des Jeux Olympiques). Les éventails avaient plus souvent la fonction de bouclier pouvant parier les attaques de ballons bleus allongés, les étudiants de toute évidence commençaient à trouver le temps long dehors dans l’humidité implacable de Shanghai.

C’est donc après de nombreuses batailles de ballons-épée que se pointèrent les premières motocyclettes policières du convoi de la flamme olympique. Ces derniers furent ovationné par des cris de « Go Chine go » et de « Beijing go, Olympique go », en Chinois bien sûr (si on traduit le mandarin littéralement, la foule criait en fait « Chine ajoute de l’huile » mais « ajoute de l’huile » veut dire « GO » en mandarin). Les deux cyclistes ne furent suivit de rien pendant près de quinze minutes, puis, les pénibles minutes s’étant écoulées, survinrent trois flottes remplies de jolies jeunes femmes se montrant le nombril, ces larges autocars portaient les couleurs de trois commanditaires officiels des Jeux Olympiques : Coca-Cola, Samsung et Lenovo.

Un autre long moment de vide suivit ces trois cars. Puis finalement une longue file d’autobus, de voitures de pompier, de police, d’ambulance, la télévision, des organisateurs, quatre autobus de militaires, et quelques autobus remplit de porteurs de torches et deux coureurs accompagnés de leur escorte. Le premier coureur fût déposé devant nous. Pendant un long moment, il n’y avait pas de flamme, seulement la torche qu’il tenait dans ses mains, nous souriant, tout en faisant des signes de bonjour de son autre main, l’air un peu gêné. Puis finalement, l’autre coureur arriva, sa torche allumée, la foule elle aussi était en feu, derrière moi des dizaines d’enfants essayant de suivre la flamme derrière la foule, piétinant tout sur leur chemin, comme un stampede humain. Les coureurs prirent quelques secondes pour allumer la torche du coureur en attente, puis le départ d’un jogging lent mais certain, le coureur s’éloigna lentement de nous.

La foule rassemblée des deux côté de la rue, ayant vue ce qu’ils étaient venu voir, se dispersa vite. Le spectacle étant fini, moi aussi je quittai la scène accompagné de mes amis. Ces derniers prirent une photo de groupe, question de montrer à leurs futurs enfants qu’ils étaient présents à cet évènement historique. Sur le gazon par terre gisait des drapeaux chinois et olympiques piétinés, dans mon sac se trouvait une dizaine de chapeaux Lenovo pour mes amis.

En revenant à la maison je demandai à mon amie si elle ne trouvait pas cet évènement un peu trop corporatif. Je me plaignais qu’au Canada, un rallye tel que celui qui venait de se produire aurait des critiques, des manifestants, plusieurs seraient outrés devant ce spectacle d’annonces publicitaires et de commanditaires officiels, de pollution inutile et de gaspillage de ressources publiques. Elle me répondit d’abord que je chialais toujours sur la Chine et que je disais toujours que le Canada est un meilleur pays. Elle finit ensuite par me dire que plusieurs de ses amis et beaucoup de Chinois sont conscients des défauts de la Chine et des évènements comme le relais olympique, de la pollution (les ballons Samsung bleu et inutile), du gaspillage. Ils savent que les Jeux Olympiques servent de médium aux messages publicitaires maladroits des commanditaires et que beaucoup d’entre eux s’ils en avaient le choix auraient préféré rester à la maison à écouter des dessins animés. Malheureusement, l’université les forçait à participer, la venue de la torche était un grand honneur pour les étudiants et l’université. S’ils essayaient de critiquer le relais sur les forums Internet populaire en Chine, leurs messages seraient vite effacés et ils pourraient y avoir des conséquences négatives. Les Chinois n’ont pas l’habitude de critiquer et il est mieux de tout simplement s’amuser, de se tordre la langue si l’on n’aime pas quelque chose et d’espérer que les choses changeront pour le mieux.

Je ne pouvais qu’admirer un tel stoïcisme et me taire.

No comments: