Wednesday, August 27, 2008

Back home

I'm back home again. The thing about home is that it really feels like home, everything is so comfortable, everything is so familiar.

Friday, June 6, 2008

I posted a few articles that were already online at Capacadie.com, I am sorry for those who can't read French, but I am Acadian. I might post some more, but I will start to write more original stuff for the blog itself as ideas come to me.

Gatsby le Chinois

J’ai beaucoup de temps libre dernièrement et j’en ai profité pour lire «The Great Gatsby » de Scott F. Fitzgerald. J’ai beaucoup aimé ce livre, au début je me demandais un peu de quoi il parlait, mais j’ai bien réussi à rattacher un sens à l’histoire. Ce que j’ai le plus aimé dans ce livre n’est pas l’intrigue mais plutôt la description de la société bourgeoise de l’est des États-Unis au début du 20e siècle. Les personnages de Fitzgerald sont frivoles et ennuyés, trop riches, ils ne savent pas quoi faire avec leur argent et passent leurs fins de semaines à Long Island chez le voisin du personnage principal. Le voisin, Mr. Gatsby est un homme né dans la pauvreté qui grâce à son intelligence, à la chance et au crime organisé s’est construit une petite fortune. Afin de bien s’introduire dans cette société, il doit se créer une nouvelle identité. Il courtise aussi une jeune femme qu’il avait rencontrée avant de devenir riche, mais celle-ci est maintenant marié à un joueur de polo et ne peut s’abandonner à cet amour.

Ce n’est pas la première description de société bourgeoise que je lis, mais comme l’action se produit à New York et que l’écrivain est américain, je pense que ce roman me touche beaucoup plus que ce que Stendhal, Dumas ou Dostoïevski ont écrit. La vie des riches que ces Européens décrivent est étrangère à mes expériences qui sont très nord-américaines. Les riches de chez-nous sont pêcheurs de crabe, propriétaires d’usine ou membres de la famille Irving, ce sont des gens normaux.

Les personnages de Fitzgerald sont étonnants puisqu’ils ressemblent à des gens que je connais en Chine ou ailleurs dans le monde. En Chine, où la majorité des gens sont encore pauvres, les riches semblent souvent faire des efforts pour montrer leur richesse. Je remarque beaucoup plus de vêtements de marque, de magasins de bijoux, de voitures de luxe, de bars haut de gamme et de ‘’penthouses’’ à Shanghai, qu’à Montréal ou Toronto. Un autre phénomène bizarre est que les cafés qui sont chez-nous pour un peu tout le monde (Tim Hortons), sont ici très exclusifs. Un café ici peut coûter autant que le salaire d’une journée de travail dans une usine. Il y a beaucoup d’exemples de cette sorte. Pour une grande partie de la population chinoise, les conditions de vie ressemblent beaucoup à celles qui existaient durant la révolution industrielle au Canada. Les histoires de Gabrielle Roy auraient pu être écrites dans les campagnes du Hebei ou dans les banlieues de Shanghai.

La Chine n’a pas de bidonvilles, le gouvernement passe le bulldozer sur tout bâtiment non approuvé. Théoriquement, les travailleurs migrants qui oeuvrent dans les usines et sites de construction partout dans le pays peuvent toujours retourner dans leurs villages et il est encore illégal de vendre et d’acheter des terres agricoles. Les gouvernements locaux des villes doivent aussi s’occuper des sans-emplois et des retraités. En d’autres mots, il ne devrait techniquement pas y avoir de sans-abris en Chine. La réalité n’est toutefois pas aussi rose et il est commun de voir des gens quêter en ville. J’ai quand même l’impression qu’il n’y a pas autant de sans-abris à Shanghai qu’à Montréal, mais je ne connais pas les chiffres exacts. Beaucoup de personnes qui quêtent en ville sont aveugles, et une légende urbaine raconte que la mafia les emmène quêter à chaque matin et les ramène le soir, prenant bien soin de se prendre une grande partie des revenus.

Aux Philippines et au Brésil, la différence entre les riches et les pauvres était encore plus frappante qu’ici. Ces deux pays ont de graves problèmes de violence et d’égalité sociale. Aux Philippines, la minorité chinoise du pays est dominante dans les sphères économique et politique. Il en résulte que les Chinois sont une classe à part, ils ne se mélangent pas facilement au reste de la population. Les maisons chinoises que j’ai visité aux Philippines ressemblaient presque à des complexes militarisés avec des caméras de sécurité, des grillages et des gardes de sécurité. La richesse attire aussi la convoitise et je connais des gens dans ces deux pays qui à mon âge (22 ans), ne sortent pas de la maison sans un garde du corps par peur de se faire prendre en otage. C’est d’ailleurs un signe que le peuple Chinois profite du développement économique - car je ne connais personne en Chine qui a peur des gens ordinaires, sauf les gens de Hong Kong qui un peu paranoïde essayaient de me persuader de ne pas aller vivre à Shanghai à la veille de mon départ.

Les Chinois ont cela de commun avec les Américains (et par le fait même, avec les Canadiens), ils ont une culture de masse. Le McDonald’s, les souliers Nike et les voitures Ford sont des marques qui s’importent bien en Chine puisqu’elles visent à vendre le plus grand nombre de produits possible, ce sont des produits de classe moyenne. De la même façon, les dirigeants chinois essaient souvent de se montrer comme des gens normaux (malgré leur technocratie ultime) et les millionnaires peuvent être aperçus non pas en tenue de ville mais en habit de sport.

Je pense qu’au Canada comme en Chine il est quelque peu mal vu d’être riche bien que la culture populaire fasse la promotion d’un style de consommation excessif. L’idée derrière cette consommation est souvent que tout le monde devrait avoir un véhicule utilitaire sport, une laveuse-sécheuse ou des vacances aux Caraïbes. Ces produits ne sont pas vendus comme des produits de luxe exclusifs mais comme quelque chose qui se situe à l’intérieur des normes de la classe moyenne. La même chose se produit en Chine, mais le niveau de développement étant moins élevé, les différences entre les riches et les pauvres sont plus apparentes.

Un Acadien en Chine

Je me promenais dans le métro de Shanghai samedi matin après avoir enseigné un cours d’Anglais. Je me suis arrêté quelques secondes pour parler à une vendeuse de dictionnaires électroniques et c’est ainsi que je me suis fais approché par un curieux personnage. Un homme d’une trentaine d’années, me regardant intensément, le sourire sur les lèvres. Je suis en train de parler à la vendeuse, mais cela ne semble pas le gêner du tout puisqu’il s’avance vers moi et m’adresse tout de suite la parole : « 你是哪国人? ». Pour tous ceux et celles qui ne comprennent pas le mandarin, il vient de me poser la question la plus souvent posée aux étrangers en Chine «De quel pays viens-tu?».

Je lui réponds que je suis Canadien et il continue de sourire. La vendeuse voyant que son client est à la veille de partir dit au nouveau venu de s’en aller, mais il ne bouge point. Je finis par ne pas acheter de dictionnaire électronique car les dictionnaires papier me plaisent beaucoup plus. Aussitôt l’opportunité arrivée, le jeune homme revient me parler : « J’étais athlète aux Jeux olympiques spéciaux, j’ai terminé deuxième à la course.» me lance-t-il fièrement. Et tiens, voilà que je commence à comprendre ma situation. J’essaye de lui parler poliment tout en continuant de marcher dans les longs couloirs du métro : «Tu dois courir vite, qui était le premier?». «Un Américain, il courait très vite.» me répond-t-il sans perdre le sourire. Après un court moment de silence, il me demande tout normalement : «Toi, tu participais à quelle épreuve?». C’est drôle comment cette question peut nous ruiner l’égo.

Ce n’est pas la première fois que les gens se mélangent au sujet de qui je suis. Les Acadiens ne sont vraiment pas nombreux et nous ne sommes pas très connus. Les Français me confondent pour un Québécois, les Québécois me prennent pour un Franco- ontarien, les Américains pour un « Canuck » et les Européens pour un Américain. Les Chinois sont un peu perdu et ne savent pas que les gens parlent français au Canada. Au début, ils croyaient que j’étais Suédois, Allemand, Français, Anglais, Espagnol, Américain ou Australien, mais maintenant ils pensent que je suis Québécois. Je suis satisfait et j’accepte d’être Québécois car je ne veux pas vraiment leur expliquer 400 ans d’histoire canadienne. Une chose est certaine par contre, je suis né à Montréal.

Les Chinois eux n’ont pas de problèmes, tout le monde connaît la Chine. Ils viennent bien d’une région et parlent un dialecte, mais beaucoup de propagande communiste a quelque peu réduit les régionalismes. Il y a les danses, les chansons traditionnelles et les chansons pop. La télévision est chinoise, les marques sont chinoises, les gens sont Chinois et les Blancs sont étrangers. Être Chinois englobe tout, tandis qu’être Acadien est une lutte culturelle.

J’aime bien la musique britanno-américaine, mais j’écoute aussi de la musique de la France et du Québec. À l’école on nous forçait à écouter 1755 et Angèle Arsenault, heureusement il y avait les Païens. Même chose pour les films et les livres, on lisait Petit Jean en cinquième année, mais Victor Hugo et Michel Tremblay par après, pour ne pas parler d’Hemingway et de Kerouac. J’ai eu la chance de découvrir Acadie Rock dans les vieux livres de mes parents, ils ne nous en ont jamais parlé à l’école. Je pense qu’il est impossible d’être 100% Acadien comme il est possible d’être 100%Chinois, Américain, Français, ou Brésilien.

Je rencontre beaucoup de personnes d’origine chinoise qui ont grandi ailleurs, en France, en Indonésie, au Canada. Ils reviennent et ils retrouvent une partie d’eux-mêmes, ils se disaient Américains mais se disent maintenant mixte. Ils ne sont plus Français, ils se disent d’origine chinoise. J’ai aussi rencontré une Acadienne en ville, elle vient de Moncton. Elle ne parle plus beaucoup le français, elle dit : «Les Français rient de mon accent, je suis right plus confortable en anglais.». Loin de la maison, il est difficile d’être Acadien. À Montréal c’est possible. En Alberta aussi pour un moment, mais en Chine, nous sommes isolés et lentement assimilés.

Mais nous ne devenons pas Chinois, il est impossible pour un Blanc de devenir Chinois. Même ceux et celles qui vivent ici depuis plus de 10 ans ne sont pas Chinois, ils sont encore étranges et étrangers. Un Acadien en Chine devient Canadien, en fait beaucoup d’expatriés ne s’associent plus à aucun pays. Je suis Nord-Américain, mais je ne suis pas Américain, je parle français mais je ne suis pas Français, ni Québécois, je suis à mi-chemin entre les États-Unis et l’Europe. Ce n’est pas une mauvaise chose, tout le monde aime bien les Acadiens. Les Français nous aiment parce que nous parlons Français; les Américains parce que nous parlons l’Anglais, «le bon anglais»; les Européens parce que nous ne sommes pas Américains, ni Australiens, ni Anglais, ni Français, tout le monde déteste les Français.

Les Chinois nous aiment, puisqu’ils aiment le Canada. Ils rêvent de l’Amérique, ils rêvent des grands espaces, des gros salaires et de la possibilité de vivre en communauté chinoise à Toronto ou à Vancouver. Les Chinois aiment le Canada parce que Mao Zedong leur a dit de propager l’esprit de Norman Bethune, un médecin Canadien qui a combattu à côté des communistes en Espagne et en Chine. Les Chinois aiment le Canada parce que Dashan, l’un des plus grands noms de la télévision chinoise, est un blanc, originaire de Vancouver, qui parle le mandarin parfaitement.

Mais la majorité des Chinois ne connaissent pas l’Acadie, tout comme ils ne savent pas où au juste se trouve l’Autriche et que l’Afrique n’est pas un seul pays. Pourtant, cet été en revenant à Moncton et en allant à Caraquet, je me suis senti bien dans ma peau, j’étais à la maison.

Choc Culturel

La chose la plus difficile à faire en abordant un pays étranger est de se défaire de ses propres préjugé et d’accepter que leurs différences ne sont pas des défauts mais tout simplement des différences. Pour faire cela il est important d’essayer de comprendre la raison d’être de ces différences.

La plupart des gens qui arrive dans un nouveau pays passent à travers un choc culturel. Un choc culturel est une période d’adaptation à un nouvel environnement, quelqu’un qui passe à travers un choc culturel aura des hauts et des bas, il ira bien un jour tandis qu’il sera démoraliser le lendemain. Si on fait un dessins, sa ressemble à une vague. Nous n’avons pas besoins d’aller très loin pour vivre un choc culturel, quelqu’un qui déménage de Caraquet pour aller vivre à Moncton peut vivre un choc culturel puisque le style de vie est différent. Bien sûr, plus les différences culturelles sont grandes, plus le choc sera intense.

Il existe d’après moi deux manières de passer à travers un choc culturel; la première est de s’assimiler, vivre comme le font les locaux, en essayant d’adapter les coutumes locales à ses propres besoins. La deuxièmes est d’essayer de retrouver se à quoi l’on est habitué. Bien sûr avec le temps l’on peu s’habituer à presque tout, mais pour certaine personnes s’adapter peu prendre plusieurs années.

À Shanghai, il est possible de vivre entre deux cultures. Je peu ne côtoyer que des étrangers, sortir dans les bars, parler en anglais et regarder de loin les Chinois vivres leurs vies. Mais je peu aussi vivre dans un environnement Chinois, manger des nouilles pour déjeuner, boire du thé et regarder des téléromans au sujets de la révolution communiste. Ce qui est drôle est que ces deux mondes, ne se mélanges pas aussi facilement que l’on pourrait le penser. Je pense que la situation est similaire à celle d’autre grande ville tels Toronto ou Montréal, où les différentes communautés culturelles vivent l’une à côté de l’autres. Beaucoup de gens n’arrivent tout simplement pas à croiser le pont qui relie les deux cultures. Ils préfèrent ainsi vivres leurs vies isolés dans un pays étranger sans participer à la vie commune des autres habitant de la communauté.

La Chine, comme le Canada d’ailleurs, se dit multiethniques. En fait, le pays est à 94% Hans, ou plus simplement Chinois. Le reste de la population est composé de peuples minoritaires tels les Tibétains, les Mongoles et les Musulmans du nord-est. Ces peuplent sont se qui reste des anciens ennemies de la Chine. Pendant des millénaire Chinois et peuplent riverains du nord et de l’ouest se sont livré bataille. Bien que la République Populaire de Chine ait maintenant assimilé les territoires de ses anciens ennemis, se sont souvent les étrangers qui on subjuguer la Chine.

Le premier étranger à conquérir la Chine en entier fût le fameux guerrier Mongole Gengis Khan au 13e siècle. Pendant plus de cent ans ses descendants furent empereurs d’une Chine subjugué. Malheureusement pour les Mongoles, leur talent résidait plus du côté conquête et massacre sanglant que du côté administration d’un empire, ils furent vite remplacé par une nouvelle dynastie Chinoise, la dynastie des Mings. Mais les Mongoles laissèrent une marque indéniable dans la psyché Chinoise. L’empire Chinois pendant des centaines d’années avait toujours perçu les peuples de sont entourage comme des peuples inférieurs, d’avoir été conquit par l’un de ces peuples barbares était une humiliation inacceptable.

Au 17e siècle un autre peuple du nord, les Manchous réussirent à prendre contrôle du pays en formant la dernière dynastie Chinoise, la dynastie des Qing. Ceux-ci réussirent à se maintenir au pouvoir jusqu’en 1911. Ces durant cette période qu’arrivèrent les Européens, attiré surtout par la quête du profit, ces derniers prirent lentement emprise sur le pays. Les premiers échanges avec les Européens ne furent pas néfastes pour la Chine, par exemple; les missionnaires Jésuites traduisirent plusieurs textes érudits.

Les échanges commerciaux entre Européens et Chinois se faisaient surtout au port de Guangzhou dans le sud du pays. Ces là que les Anglais introduirent l’opium à la Chine. La drogue fît un ravage parmi la population Chinoise. L’opium devint la cause principale des deux guerres de l’opium. Ces deux guerres furent perdues par la Chine et c’est à la suite de celles-ci que Hong Kong devint Anglaise et qu’une dizaine de port incluant Shanghai et Tianjin, grande ville près de Beijing, furent ouvert au marchant internationaux. Les traités signés à la suite des deux guerres de l’opium étaient humiliant pour la Chine. Une autre humiliation à la main des étrangers fût causée par la perte de la Manchourie au Japonais en 1931, suivit par la deuxième guerre mondiale époque durant laquelle les Japonais commirent une série d’atrocité donc les Chinois se souviennent encore.

Certain voit la révolution communiste en Chine comme une révolution anti-impérialiste. Il est vrai qu’au moment de la prise de pouvoir par les communistes en 1949, les pouvoirs impériaux de l’Angleterre, de la France, des États-Unis et du Japon contrôlaient une grande partie de la capacité industrielle et commerciale du pays. La révolution redonna la chine aux Chinois. La révolution communiste à aussi été une opportunité pour les Chinois de prendre des idées occidentales et de les orientalisés.

Dû à son immensité et à sa longue histoire, la Chine à souvent eux tendances à internalisé sa ses problèmes. Chine, en Chinois se dit empire du milieu, ceci met en relief le fait que pendant des milliers d’années le peuple Chinois était convaincu que la Chine était le centre du monde. Pendant longtemps convaincue de leurs suprématie, les Chinois n’ont que dans les derniers cent ans accepté la validité de certain concept étranger. La Chine a maintenant accepté le reste de la planète. Bien que certains problèmes de tolérance et d’intégration sociale existent encore. Les Chinois sont conscient de vivre dans un monde de différence.

Mais je me demande si le monde est près à accepter le Chine. Notre société occidentale est tellement habituée à sa supériorité, politique, militaire et économique que la venue d’un nouveau joueur de la grosseur de la Chine ne peu que nous effrayer. En fait, Je suis de l’opinion que notre tour est maintenant venue regarder au delà de nos frontière et de voir se que la Chine peu nous apprendre. Avec le temps nous surmonterons bien notre choque culturel.

Le pouls du système de santé chinois

Quand Deng Xiaoping déclara en 1979 que « devenir riche est glorieux » il existait en Chine un système de santé universel. Les citadins, alors beaucoup moins nombreux qu’à présent, avaient accès aux hôpitaux tandis que les habitants des régions rurales fréquentaient les dispensaires locaux ainsi que les « médecins aux pieds nus ». Ces derniers, se promenant de village en village afin de soigner les malades, ont largement contribués à faire augmenter l’espérance de vie de plus de trente ans, en moins d’un quart de siècle.

Ce système s’effondra avec l’ouverture des marchés, l’abandon des communes et le désinvestissement de l’État dans les campagnes en faveur des cités. Ainsi, bien qu’une grande majorité des Chinois urbains aient des assurances privées leur permettant d’avoir accès à des soins de santés de qualité, près de la moitié de la population rurale (environ 390 millions de personnes) n’ont même pas accès à des soins rudimentaires. Il est estimé que moins de 10% de la population rurale est assurée en cas de maladies. Environ la moitié des ruraux risquent la pauvreté s’ils tombent malade puisqu’il est estimé que traiter un malade coûte en moyenne 300$, c’est-à-dire le salaire annuel d’un paysan. Il est donc normal que plusieurs ruraux préfèrent ne pas consulter de médecins en cas de maladie.

Ceux et celles qui choisissent de se faire traiter professionnellement n’obtiennent souvent pas les soins optimums. Les meilleurs médecins s’exilent vers les villes où ils obtiennent un meilleur salaire et une meilleure qualité de vie. Bien que les soins médicaux aient été privatisés, le gouvernement fixe encore les prix des traitements et les hôpitaux sont obligés de faire leur frais en vendant des médicaments. Les revenus provenant de la vente de médicaments constituent entre 60% et 70% des revenus des hôpitaux, alors que la moyenne mondiale est de 15%. Comme les salaires des médecins sont souvent liés au profit de la vente de médicaments, il y a surutilisation de médicaments, tels les antibiotiques et les stéroïdes. Beaucoup de ces médicaments, strictement réglementés au Canada et ailleurs, sont faciles à obtenir sans prescription dans les pharmacies du pays.

Mais le plus grand problème du système de santé chinois est le même qui frappe toutes les facettes de la société chinoise, et je nomme ici la division rurale-urbaine. Selon l’Unicef, les statistiques qui démontrent que l’espérance de vie et le taux de mortalité infantile sont en régression masqueraient en fait le phénomène des disparités régionales. L’organisme donne l’exemple du taux de mortalité infantile qui est de 16,3 décès pour 1000 naissances dans les régions urbaines alors qu’il atteint 40 décès pour 1000 naissances dans les régions rurales.

Le gouvernement, toujours soucieux de garder « l’harmonie sociale » est conscient de cette disparité et considère la santé, ainsi que l’environnement, comme l’une de ses priorités. Il vient d’annoncer en 2006 un plan, qui s’il est respecté, prévoit la création d’un fonds de santé commun pour plus de 410 millions de paysans. Ces derniers, pour y adhérer devraient contribuer l’équivalent d’un dollar par mois, qui serait ensuite bonifié par l’état. Les participants bénéficieraient alors de réductions de leurs dépenses médicales d’environ 30%. Bien que le plan soit encore modeste, le ministère de la santé promet de l’accompagner d’autres programmes tels : l’augmentation de crédits en faveur des cliniques rurales, l’envoie de médecins et infirmier(e)s urbains vers les régions rurales et une plus grande ouverture envers les ONG. Plusieurs entrevoient aussi la possibilité de créer un système de santé universel tel qu’il existe au Canada, mais cette possibilité, très coûteuse, est encore bien loin.

Un autre problème de santé qui guette la Chine est relié à son urbanisation rapide. Cette dernière, d’une ampleur encore jamais vue dans notre histoire, crée un changement des moeurs et des coutumes qui mettent en danger la santé à long terme de ses citoyens. De plus en plus de gens conduisent des voitures au lieu de prendre la bicyclette et les chaînes de restauration rapide tels, McDonald’s et Kentucky Fried Chicken (malheureusement pas de Dixie Lee!) sont de plus en plus en vogue en Chine. Il ne faut pas non plus oublier les conséquences néfastes de la pollution de l’air et de l’eau, ainsi que la mauvaise utilisation des pesticides. La solution cette fois, existe dans la prévention. La cigarette en est un bon exemple, car un fumeur sur trois au monde vit en Chine. Les appels de certains groupes visant à réduire ce nombre ont fait face à un mur. Officiellement, une campagne anti-cigarette pourrait endommager l’harmonie sociale, mais des soupçons de collusion entre le gouvernement et les compagnies de cigarettes sont plus plausibles, car plus d’un million de Chinois meurent de causes reliées à la consommation de tabac et la « stabilité sociale » n’est dans ce cas, jamais mise en cause.

En d’autres mots, la Chine en se développant commence à avoir des problèmes de pays développé. Si elle veut encore continuer à améliorer la santé de ses citoyens, elle doit d’un côté, rendre le système de santé accessible à un plus grand nombre de ses citoyens tout en poussant plus loin la protection de l’environnement et la promotion de modes de vie plus sains. Un problème de taille quand l’on considère que la Chine a plus d’un milliard trois cent millions d’habitants et une superficie qui s’approche de celle du Canada. Et je n’ai même pas parlé de possibles épidémies, telles la grippe aviaire ou encore le SRAS qui paralysa le système de santé en 2003-2004.

La Chine a aussi la particularité d’être l’un des seuls pays au monde qui vieillit avant d’avoir atteint un haut niveau de développement. Le vieillissement de la population est un phénomène bien connu chez-nous, mais il s’apprête aussi à frapper la Chine, qui sous la politique du contrôle des naissances, connaît un débalancement démographique important. Il est difficile de prévoir ce que sera le futur, mais il est certain que les demandes en matière de services de santé ne feront qu’augmenter. Il est donc normal que plusieurs compagnies internationales, en particulier les compagnies pharmaceutiques et les manufacturiers d’équipements médicaux spécialisés, se bousculent pour rentrer dans le marché chinois. Il me semble que le Canada et les provinces Atlantique, avec son expertise dans le domaine de la santé pourrait se joindre à la course et en tirer de grands profits économiques.

LE RELAIS DE LA TORCHE

Je me suis levé à 5 heures du matin l’autre jour pour aller voir le relais de la torche olympique qui se tenait sur le campus de mon université. Mon université à deux campus, un au centre-ville près de chez moi, l’autre est dans les banlieues, entouré d’usines. Le relais se tenait au campus loin de chez-moi ce qui explique mon réveil matinal.

Le relais olympique est très populaire en Chine et il aurait normalement fallut que je me colle comme de la mélasse sur du pain a près de 100 000 autres personnes pour réussir à apercevoir la flamme. Heureusement pour moi, l’entrée au campus était limitée aux étudiants et travailleurs de l’université dans le cadre du relais.

Je suis arrivé au campus à 7h15 et j’ai vite rencontré des amis allemands avec qui je me suis promené sur le campus. Lenovo, le fabricant d’ordinateur qui a acheté IBM et qui est aussi l’un des commanditaires officiel des Jeux Olympiques avait distribué des casquettes bleues pas trop belles et gratuites aux milliers d’étudiants présents. Samsung, un autre commanditaire officiel des jeux olympiques avait distribué des ballons qui viennent en paire et qui quand frappés ensembles font un petit bruit assez plaisant.

Après quelques minutes à marcher un peu perdu avec les Allemands, nous nous sommes fait approcher par un des nombreux organisateurs étudiant. Ce dernier facilement reconnaissable de par sa chemise d’organisateur Coca-Cola (commanditaire officiel des Jeux Olympiques) nous donna gratuitement et avec enthousiasme des petits drapeaux chinois et olympique imprimé de l’emblème de la Banque de Chine (commanditaire officiel des Jeux Olympiques). Il nous amena aussi plus près du chemin désigné du relais où quelques jeunes étudiants se mirent vite à pratiquer leur anglais.

C’est à ce moment que l’une de mes amies choisie de m’appeler et je fis mes adieux aux Allemands et au gentil organisateur pour aller la rejoindre avec ses amis. Mon amie, qui est chinoise et étudiante à l’université, devait rejoindre sa classe dans endroit spécifique pour célébrer la venue de la flamme. Ses amis s’étaient eux aussi fait distribuer des petites casquettes laides et des ballons bleus. Il y avait aussi des éventails en forme d’ordinateur portable Lenovo (commanditaire officiel des Jeux Olympiques). Les éventails avaient plus souvent la fonction de bouclier pouvant parier les attaques de ballons bleus allongés, les étudiants de toute évidence commençaient à trouver le temps long dehors dans l’humidité implacable de Shanghai.

C’est donc après de nombreuses batailles de ballons-épée que se pointèrent les premières motocyclettes policières du convoi de la flamme olympique. Ces derniers furent ovationné par des cris de « Go Chine go » et de « Beijing go, Olympique go », en Chinois bien sûr (si on traduit le mandarin littéralement, la foule criait en fait « Chine ajoute de l’huile » mais « ajoute de l’huile » veut dire « GO » en mandarin). Les deux cyclistes ne furent suivit de rien pendant près de quinze minutes, puis, les pénibles minutes s’étant écoulées, survinrent trois flottes remplies de jolies jeunes femmes se montrant le nombril, ces larges autocars portaient les couleurs de trois commanditaires officiels des Jeux Olympiques : Coca-Cola, Samsung et Lenovo.

Un autre long moment de vide suivit ces trois cars. Puis finalement une longue file d’autobus, de voitures de pompier, de police, d’ambulance, la télévision, des organisateurs, quatre autobus de militaires, et quelques autobus remplit de porteurs de torches et deux coureurs accompagnés de leur escorte. Le premier coureur fût déposé devant nous. Pendant un long moment, il n’y avait pas de flamme, seulement la torche qu’il tenait dans ses mains, nous souriant, tout en faisant des signes de bonjour de son autre main, l’air un peu gêné. Puis finalement, l’autre coureur arriva, sa torche allumée, la foule elle aussi était en feu, derrière moi des dizaines d’enfants essayant de suivre la flamme derrière la foule, piétinant tout sur leur chemin, comme un stampede humain. Les coureurs prirent quelques secondes pour allumer la torche du coureur en attente, puis le départ d’un jogging lent mais certain, le coureur s’éloigna lentement de nous.

La foule rassemblée des deux côté de la rue, ayant vue ce qu’ils étaient venu voir, se dispersa vite. Le spectacle étant fini, moi aussi je quittai la scène accompagné de mes amis. Ces derniers prirent une photo de groupe, question de montrer à leurs futurs enfants qu’ils étaient présents à cet évènement historique. Sur le gazon par terre gisait des drapeaux chinois et olympiques piétinés, dans mon sac se trouvait une dizaine de chapeaux Lenovo pour mes amis.

En revenant à la maison je demandai à mon amie si elle ne trouvait pas cet évènement un peu trop corporatif. Je me plaignais qu’au Canada, un rallye tel que celui qui venait de se produire aurait des critiques, des manifestants, plusieurs seraient outrés devant ce spectacle d’annonces publicitaires et de commanditaires officiels, de pollution inutile et de gaspillage de ressources publiques. Elle me répondit d’abord que je chialais toujours sur la Chine et que je disais toujours que le Canada est un meilleur pays. Elle finit ensuite par me dire que plusieurs de ses amis et beaucoup de Chinois sont conscients des défauts de la Chine et des évènements comme le relais olympique, de la pollution (les ballons Samsung bleu et inutile), du gaspillage. Ils savent que les Jeux Olympiques servent de médium aux messages publicitaires maladroits des commanditaires et que beaucoup d’entre eux s’ils en avaient le choix auraient préféré rester à la maison à écouter des dessins animés. Malheureusement, l’université les forçait à participer, la venue de la torche était un grand honneur pour les étudiants et l’université. S’ils essayaient de critiquer le relais sur les forums Internet populaire en Chine, leurs messages seraient vite effacés et ils pourraient y avoir des conséquences négatives. Les Chinois n’ont pas l’habitude de critiquer et il est mieux de tout simplement s’amuser, de se tordre la langue si l’on n’aime pas quelque chose et d’espérer que les choses changeront pour le mieux.

Je ne pouvais qu’admirer un tel stoïcisme et me taire.